Analyse critique d'article [Editorial]
Yves Lepers |
Chères lectrices, chers lecteurs,
Il y a plus de 20 ans, Robert Meslé et quelques autres, dont Paul Klein et moi-même, avions évoqué la nécessité de créer une revue scientifique d’ostéopathie. En effet, si la pratique de l’art avait tout pour séduire le clinicien, le discours qui l’accompagnait était souvent soit d’un archaïsme confondant, soit noyé dans un argumentaire pseudo-scientifique.
Il nous semblait évident que la pérennisation de cette médecine ne pouvait passer que par la recherche expérimentale, tant clinique que fondamentale et... sa publication. La recherche clinique tout d’abord. Elle seule permet en effet, au-delà de la satisfaction du patient et des illusions qui nous bercent dans nos cabinets, d’évaluer la réelle efficacité de nos traitements. La recherche dans les domaines de la biomécanique et de la neurophysiologie ensuite, afin de déterminer les risques et les limites de notre art tout en offrant des pistes de compréhension des modes d’action.
Robert Meslé fut le seul « inconscient » à relever le défi. Aujourd’hui il n’existe, en langue française, que deux revues publiant des articles dans le domaine de l’ostéopathie, dont La Revue de l’Ostéopathie s’essayant au difficile exercice de publier des articles scientifiques dans une revue à comité de lecture. Le but étant d’être, à terme, indexée dans les banques de données biomédicales internationales.
Une telle gageure demande une énergie folle et une motivation sans faiblesse tant les obstacles sont innombrables.
Le plus important d’entre eux tient à l’absence de culture scientifique dans les milieux ostéopathiques. Faut-il rappeler que seule une Université en Europe organise une formation d’ostéopathes au sein d’une faculté des sciences de la motricité et en collaboration avec une faculté de médecine ? Or, point d’articles scientifiques de qualité sans chercheurs professionnels, sans laboratoires et sans intégration aux hôpitaux universitaires. Les connaissances méthodologiques et statistiques sont les bases nécessaires mais non suffisantes au développement de la recherche. Pour développer une hypothèse pertinente il faut une équipe, une réflexion commune entre cliniciens et chercheurs et il faut des moyens. Dans un tel contexte, obtenir des articles de valeur relève plus de la pêche à la mouche dans le désert du Kalahari que de la pêche industrielle en mer de Chine... Alors que faire, sachant que les rares chercheurs en sciences de l’ostéopathie sont tentés, bien évidemment, de publier dans des revues indexées pour valoriser leur cursus académique.
Nous avons donc imaginé avec Robert Meslé un moyen original afin d’améliorer la qualité des articles tout en faisant oeuvre pédagogique : si un lecteur constate des faiblesses méthodologiques dans un article publié dans La Revue de l'Ostéopathie, (il a donc des compétences, c’est dommage de les garder uniquement pour lui...) nous proposons qu’il soumette à la revue une analyse critique de cet article, argumentée et justifiée par des références. Ce texte sera ensuite transmis aux auteurs pour qu’ils rédigent une réponse.
La critique et la réponse seront alors publiées dans le même numéro. Une telle interactivité pourrait catalyser le développement de cette indispensable culture scientifique et promouvoir l’esprit critique auprès des professionnels de l’ostéopathie.
Comme le disait Guillaume d’Orange Nassau, « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre... »
Yves Lepers
Membre du Comité Scientifique de La Revue de l'Ostéopathie
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